- Par Guillaume Tschuy
Cela s'est compté à quelques minutes près (ou quelques retardataires près plutôt !), mais nous sommes parevnu·e·s avec Mona, à rentrer dans l'antre de la Salle Buñuel, inhabituellement bondée de monde. En même temps, l'invité était de marque : Howard Shore, un des compositeurs de musique de films les plus prolifiques – Les Seigneur des Anneaux (Peter Jackson, 2001-2003), Hugo Cabret (Martin Scorcese, 2011), Videodrome (David Cronenberg, 1983), et j'en passe !
Nous avons voyagé avec lui à travers des extraits de films sur lesquels il a travaillé, nous délectant de ses commentaires et anecdotes qui nous ont permis de mieux appréhender son monde et son travail, Quelques scènes m’ont particulièrement interpellé : par exemple la scène d’ouverture du film de Tim Burton, Ed Wood (1994), pour lequel les musiques présentent un décalage narratif afin de ne pas paraître trop didactique, ou bien encore, l’extrait du film Crash de David Cronenberg (1996) dont la conception syncrétique du shooting photo d’un crash est accompagnée d’une « orgie d’instruments », pour reprendre les mots du compositeur.
Soudain, la discussion est interrompue de façon "impromptue" par Thierry Frémaux (Délégué général du Festival de Cannes), on lui dit à l'oreillette qu'un invité surprise vient se joindre à la table : Martin Scorsese ! La salle s'enflamme, se lève et c'est sous un tonnerre d'applaudissements que les deux anciens collaborateurs échangent une étreinte amicale.
Un moment de quiétude et de discussion amicale s'installe ensuite, comme si nous étions pris à témoin des retrouvailles de vieux amis autour d'un verre au bistrot, essayant de rappeler à l'autre le déroulé de leurs souvenirs communs, comme les sessions de montage entre Martin, Howard et Thelma Schoonmaker (monteuse phare de Scorcese), ou bien, leur affection des castagnettes. Ce n'était pas deux briscards qui s'entêtaient à théoriser l'art, mais deux hommes lancés dans leur nostalgie passionnelle qui ont transmis avec ardeur et engouement au public leur savoir et leur expertise sur le son.
Nous espérons que ce merveilleux échange autour d'une des composantes les plus indispensables de l'art cinématographique que sont le son et plus particulièrement, la musique de films, ouvre les portes vers un traitement plus abouti de cette thématique au Festival de Cannes, par la création d'une Palme, par exemple. En effet, le Festival comporte un certain paradoxe, plus global : tout au long du Festival, il y a bel et bien des conférences en fin de projections ou bien, organisées par des partenaires (CST, et autres) qui mettent en avant l’importance de tous les techniciens pour l’élaboration d’un film (image, costumes, décor, maquillage, etc.). Donc, d’un côté le Festival leur donne un lieu d’expression et de rencontre, mais d’un autre, il ne les récompense pas… à bon entendeur.
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